Appel à communications pour la journée d’études sur Formations et médiations numériques en direction d’adultes : quelles évolutions depuis les années 1980 ?


Le Gehfa (Groupe d’études – histoire de la formation des adultes) organise le mardi 14 janvier
2025 une journée d’études consacrée à l’histoire des formations non formelles et non
professionnalisantes aux usages de l’informatique et du numérique proposées en France à des
publics adultes, des années 1980 à nos jours.
Depuis l’apparition des ordinateurs personnels, à la fin des années 1970, le problème s’est posé
de leur utilisation par les personnes qui découvraient ce nouvel ou6l et n’avaient pas appris à s’en
servir. Se sont ainsi mis en place au début des années 1980, indépendamment des enseignements
préparant aux mé6ers de l’informa6que, des forma6ons visant à ini6er le grand public à cePe
nouvelle technologie et s’adressant à tous ses usagers poten6els, quels que soient leur âge
(jeunes et moins jeunes), leur genre (femmes et hommes) ou leur niveau d’études antérieur.
Après la fonda6on en 1981 d’un éphémère « Centre mondial informa6que et ressource
humaine » (dissous en 1986), le plan Informa6que Pour Tous (IPT) a été lancé en 1985 dans une
volonté de contribuer à la modernisa6on du pays en favorisant l’ « informa6sa6on de la société ».
Assor6 de l’implanta6on dans les établissements scolaires de micro-ordinateurs dédiés à ini6er à
l’informa6que élèves et enseignant·es, mais auxquels pouvaient aussi accéder des publics extra-
scolaires, le plan IPT prévoyait également d’« ouvrir l’ou6l informa6que […] à tous les citoyens
dans un cadre contractuel négocié avec les collec6vités locales ou les associa6ons ».
Bien que des facteurs poli6ques aient conduit à l’interrup6on de ce plan, se développent dès lors
peu à peu, dans diverses instances, des forma6ons des6nées à permePre à tout un chacun
d’acquérir, sans visée professionnelle, des connaissances et compétences rela6ves à
l’informa6que, puis plus largement au numérique dans ses différents aspects.
Si, au départ, certaines de ces forma6ons ont abordé des appren6ssages relevant de la logique
informa6que (langages et programma6on), les contenus se sont assez rapidement déplacés vers
la familiarisa6on des par6cipant·es avec la bureau6que (prise en main des ou6ls, traitements de
textes, tableurs, ges6onnaires comptables…). Les usages des ordinateurs croissant au rythme des
nouvelles fonc6onnalités numériques et de la digitalisa6on accélérée des entreprises et de la
société, les forma6ons s’aPachent, à par6r des années 2000, à l’appropria6on des diverses
ac6vités liées à ces usages : accès au Web et aux réseaux, recherche sur Internet, échanges et
produc6on en ligne, réalisa6on de sites, fabrica6on numérique et autres ac6vités créa6ves…
Les ou6ls se sont en effet diversifiés au fil du temps avec de nouveaux disposi6fs et de nouvelles
machines (smartphones, ou6ls de simula6on, mallePes de diagnos6c, imprimantes 3D,
découpeuses vinyle…). D’autres orienta6ons concernent la robo6que, le prototypage, etc. De
nouveaux usages ont émergé, impliquant des appren6ssages spécifiques comme la par6cipa6on
éclairée et cri6que aux réseaux sociaux ou l’emploi raisonné de Chat GPT. Désormais désignées
par le terme de « média6on numérique », ces ac6ons consistent « à accompagner des publics
variés vers l’autonomie, dans les usages quo6diens des technologies, services et médias
numériques » et nécessitent le recours à une anima6on professionnelle ou bénévole.
Ces forma6ons ont été et sont encore proposées sous des noms divers (ateliers, clubs, espaces
publics numériques, fablabs, etc.) et hébergées dans des contextes variés. Certaines d’entre elles
sont maintenant en ligne, mais beaucoup con6nuent d’être dispensées en présen6el dans des
sites relevant de l’éduca6on non formelle, 6ers-lieux éduca6fs tels que des espaces municipaux,
associa6fs, culturels (bibliothèques, centres de documenta6on, musées, etc.) ou, souvent,
structures d’éduca6on populaire, parfois organisées en réseaux. L’histoire de ces ac6vités de
forma6on demeure toutefois mal connue et ce n’est qu’excep6onnellement et brièvement que
nous l’avons trouvée évoquée dans le cadre d’un centre francilien.
Aujourd’hui, le numérique fait par6e du quo6dien et il est de plus en plus souvent nécessaire d’y
avoir recours pour diverses démarches et formalités, qu’elles soient administra6ves, de l’ordre de
la santé, des loisirs, etc. De nouvelles tenta6ves gouvernementales ont eu pour but de financer
l’équipement des territoires en fibre op6que (plan « Très Haut Débit » de 20131) et de contribuer
à l’accultura6on du grand public aux ou6ls du numérique (« Plan na6onal pour un numérique
inclusif » en 20182, « Programme société numérique » en 2022, créa6on d’un « Observatoire de
l’inclusion numérique »…). Il n’en reste pas moins qu’une étude de l’INSEE es6me que, en 2021,
dans la popula6on française, 28 % ne possèdent pas toutes les compétences numériques de base
pour s’informer et communiquer et que 15 %, en par6culier les personnes âgées, peu diplômées,
aux faibles revenus ou éloignées des grands pôles urbains, peuvent être considérés comme étant
en situa6on d’ « illectronisme » (ou « illePrisme numérique »). La réduc6on de la fracture
numérique, évoquée de longue date, demeure donc d’actualité.
Or, très peu de recherches ou de témoignages de formateurs et formatrices ou d’apprenant·es
res6tuent l’histoire des forma6ons d’adultes au numérique, objet de cet appel. Les contribu6ons
aPendues pour cePe journée d’études porteront donc, dans une perspec6ve historique, sur un
aspect des forma6ons non formelles des6nées à des publics non spécialistes, son évolu6on et/ou
ses transforma6ons au cours des années, de leur créa6on à aujourd’hui, sans se limiter à la
situa6on présente. Elles pourraient ainsi traiter de :
1 h#ps://www.info.gouv.fr/actualite/contre-les-fractures-numeriques-une-france-100-fibre-d-ici-a-2025
2 h#ps://presse.economie.gouv.fr/wp-content/uploads/2020/11/2bce0e4559d6e4379dd4ef9e6af49e24.pdf

  • l’évolu6on des disposi6fs, des modalités (présence/distance/mixte), des lieux et des contextes
    d’organisa6on des forma6ons du grand public au numérique ;
  • l’évolu6on, entre con6nuité et rupture, des contenus et des approches pédagogiques de ces
    forma6ons ;
  • l’évolu6on des caractéris6ques des publics de ces forma6ons, leurs demandes, aPentes,
    disponibilités… ;
  • l’évolu6on des caractéris6ques des personnes en charge de la média6on numérique qui
    accompagnent les publics de ces forma6ons ;
  • les effets sur ces forma6ons des poli6ques publiques en ma6ère de luPe contre la fracture
    numérique.
    Outre une diffusion en ligne, il est envisagé que les communica6ons donnent lieu à une
    publica6on imprimée (ar6cles ou ouvrage collec6f).
    Quelques références
    Bendekkiche, H. et Viard-Guillot, L. (2023). 15 % de la population est en situation d’illectronisme en 2021.
    INSEE Première, n° 1953. En ligne : hHps://www.insee.fr/fr/staLsLques/7633654
    Branche-Seigeot, A. (2023). Davantage d’illectronisme dans les communes éloignées des villes et les
    peLts pôles urbains. INSEE Analyses, (85). En ligne : hHps://www.insee.fr/fr/staLsLques/7636058
    Caclard, N. (2012). La médiaLon numérique : une urgence pédagogique et poliLque. Cahiers de l’Ac7on,
    36(2), 21-25. En ligne : hHps://www.cairn.info/revue-cahiers-de-l-acLon-2012-2-page-21.htm
    Cazeneuve, P. (2011). Vers une définiLon de la MédiaLon numérique. A-Brest, 10 août. En ligne :
    hHps://www.a-brest.net/arLcle8129.html
    Club informaLque Saint-Prix – notre histoire. En ligne : hHps://www.cisp95.fr/Notre_histoire.I.htm)
    Laborderie, P. (2021). Terrain associaLf, éducaLon aux médias et inclusion des seniors : l’exemple du
    fesLval 1ère Marche de Troyes. In : Y. Maury et J.-M. Paragot, Apprendre, s’apprendre, faire apprendre :
    perspec7ves construc7vistes en éduca7on (p. 39-49). Paris : L’HarmaHan. En ligne : hHps://hal.univ-
    reims.fr/hal-03485561/document
    Neymark, J. (1985). ApprenLssage et culture informaLque : l’approche du Centre Mondial de
    l’InformaLque et Ressource Humaine. Enfance, 38(1), 49-54. En ligne :
    hHps://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1985_num_38_1_2860
    Nora S. et Minc A. (1978). L’informa7sa7on de la société : rapport à M. le Président de la République. Paris :
    La DocumentaLon française. En ligne : hHps://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/154000252.pdf
    Plan “InformaLque pour Tous”. PrésentaLon à la presse, le vendredi 25 Janvier 1985, par M. Laurent
    Fabius, Premier Ministre. En ligne : hHps://www.epi.asso.fr/revue/37/b37p023.htm
    Plantard, P. (dir.), Le Mentec, M. et Trainoir, M. (2011). Pour en finir avec la fracture numérique. Limoges :
    Fyp ÉdiLons.
    Porte, E. (2018). Éduca7on populaire à l’ère numérique. INJEP Notes & rapports/Rapport d’étude. En ligne :
    hHps://injep.fr/wp-content/uploads/2018/10/rapport-2018-12-educpop-numerique.pdf
    Rapport de la concerta7on na7onale sur le volet Inclusion numérique du Conseil Na7onal de la
    Refonda7on. En ligne : hHps://societenumerique.gouv.fr/fr/mission/
    ProposiFons de communicaFons : consignes et calendrier
    Les proposi6ons de communica6on, d’environ 3000 à 4000 signes, devront comporter un 6tre et
    des indica6ons sur la (ou les) ac6on(s) présentée(s), la démarche adoptée, la période considérée
    ainsi que, lorsqu’il y a lieu, quelques publica6ons de référence.
    Elles seront adressées par e-mail à
    Viviane Glikman (viviane.g1@free.fr) et Yolande Maury (yolande.maury@noos.fr)
    Elles devront, en outre, fournir les informa6ons suivantes sur l’auteur·e (ou les auteur·es) de ces
    proposi6ons : Nom, Prénom, Ins6tu6on de raPachement et statut, Courriel, Téléphone.
    Date limite d’envoi des proposi6ons (pour soumission au comité scien6fique) : 20 septembre 2024
    Retour d’évalua6on des proposi6ons : 30 octobre 2024
    Envoi de la version complète des proposi6ons acceptées : 15 décembre 2024
    Comités
    Comité d’organisaFon
    Catherine Arnaud
    Claude Debon
    Chris6ane Etévé
    Paul Fayolle
    Viviane Glikman
    Françoise F. Laot
    Emmanuel de Lescure
    Corinne Lespessailles
    Mado Maillebouis
    Yolande Maury
    Comité scienFfique
    Emmanuelle Annoot, PR en sciences de l’éducation et de la formation, Cirnef, Université de
    Rouen Normandie
    Georges-Louis Baron, PR émérite en sciences de l’éduca6on, EDA, Université Paris-Descartes
    Isabelle Collet, PR à la sec6on des sciences de l’éduca6on, G-RIRE, Université de Genève
    Viviane Glikman, MCF en sciences de l’éduca6on, Gehfa
    Pascal Laborderie, PR en sciences de l’informa6on et de la communica6on, CEREP, Université de
    Reims Champagne-Ardenne, Gehfa
    Françoise F. Laot, PR en sciences de l’éduca6on, EXPERICE, Université Paris 8 Vincennes-Saint-
    Denis, Gehfa
    Emmanuel de Lescure, MCF en sciences de l’éduca6on, CERLIS, Université Paris Cité, Gehfa
    Mônica Macedo-Rouet, PR en psychologie, Paragraphe, CY Cergy Paris Université
    Yolande Maury, MCF en sciences de l’information et de la communication, Université de Lille, Gehfa
    Pascal Plantard, PR en sciences de l’éduca6on, CREAD et GIS M@rsouin, Université Rennes 2
    Emmanuel Porte, Chargé d’études et de recherche, Ins6tut na6onal de la jeunesse et de
    l’éduca6on populaire (INJEP)
    Avec le souFen de la Ligue de l’Enseignement

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