Proposition de thèse financée à l’IREDU

Le concours pour l’attribution des contrats doctoraux est ouvert. La date limite de candidature est le  13 juin 2014.

L’intiitulé du sujet de thèse rattaché à l’IREDU est le suivant : “Les MOOCs : quels enjeux pour l’efficacité et l’équité des politiques éducatives”

Argumentaire scientifique présentant les enjeux de la thèse :
La question des MOOCs (Massive Online Open Courses) est devenue ces dernières années un sujet de débats au sein des chercheurs qui s’intéressent à l’éducation. Si certains les considèrent comme un simple effet de mode, d’autres y voient au contraire le déclencheur d’une transformation plus radicale de la structure actuelle des systèmes nationaux d’enseignement supérieur (Karsenty, 2013 ; Vinokur, 2013 ; O’Connor, 2014). Assez paradoxalement, ce thème de recherche est pour l’instant, peu exploré sous l’angle de l’équité et de l’efficacité des politiques éducatives. Quelques travaux un peu plus anciens, développés notamment à l’IREDU, se sont focalisés sur les effets du e-learning (Orivel, 2006 ; Ben Abid et Orivel , 2000 ; Depover et Orivel, 2012). Ils ont souvent insisté sur les difficultés d’arriver à un modèle économique pérenne mais également sur les contraintes pédagogiques que ces enseignements impliquent. Une difficulté est notamment de trouver un équilibre entre la forte autonomie de l’apprenant dans son processus d’apprentissage et le contrôle de son processus d’acquisition. L’enjeu est important si l’on souhaite que les nouveaux modes d’enseignement à distance soient moins porteurs d’inégalités sociales que l’enseignement traditionnel. Les travaux les plus récents sur les MOOCs pointent cependant les risquent d’un effet Mathieu (Saleh et Sanders, 2014).

Projet de thèse
Ecole doctorale : LISIT Numéro : 491
Unité de recherche : Institut de Recherche en Education (IREDU)
Directeur : Jean-François Giret, jean-francois.giret@u-bourgogne.fr
Codirectrice : Géraldine Farges, geraldine.farges@u-bourgogne.fr
Les MOOCs : quels enjeux pour l’efficacité et l’équité des politiques éducatives ?

Une littérature foisonnante a émergé ces deux dernières années sur l’apparition des MOOCs dans l’enseignement supérieur. A partir de deux fils directeurs, les concepts d’efficacité et d’équité appliqués aux politiques éducatives, le doctorant devra mener une revue de la littérature présentant les principaux changements qu’introduisent les MOOCs dans les modes d’apprentissage et les types d’apprenants auxquels ils s’adressent.
Il s’agira notamment de s’interroger sur l’efficacité de ces formations en fonction des différents publics concernés. Cette efficacité peut être “interne” et questionner les conditions de réussite des étudiants par le biais de différents indicateurs qui doivent être adaptés aux caractéristiques des MOOCs (le suivi de l’ensemble de la formation, la durée de la formation, l’obtention d’une certification). Il est nécessaire d’examiner également de manière détaillée les différents modes d’apprentissage et les moyens mis à la disposition de l’apprenant pour bénéficier de ces nouveaux outils. Se pose aussi la question des pré-requis des apprenants et des compétences nécessaires à la réussite. Barnajee et Duflo (2014) soulignent dans le cas des MOOCs, l’importance de certaines compétences de l’étudiant comme la capacité à bien s’organiser, qui sont déterminantes pour la réussite. L’efficacité peut également être « externe » et concerner les apports que peut avoir la formation dans la vie sociale, culturelle ou professionnelle de l’apprenant. Il est possible par exemple de s’interroger sur la manière dont l’apprenant utilise les acquis de cette formation pour accéder à l’emploi, évoluer dans sa carrière professionnelle ou mener à bien un projet extra-professionnel.
La thèse devra également s’intéresser à la question de l’équité dans l’accès à ces nouveaux types de formation. La montée en puissance des MOOCs est parfois présentée comme un moyen de réduire les coûts d’accès à l’enseignement supérieur notamment pour les étudiants issus de milieux défavorisés ou de pays en développement. Ils présentent également l’intérêt de réduire les coûts d’opportunité et permettre d’accéder aux savoirs au rythme de l’apprenant. Néanmoins les MOOCS demandent un investissement important, matériel et humain, pour accéder à ces cours en ligne, pour acquérir ces compétences et enfin pour supporter les coûts associés à la certification. Ces nouveaux modes de diffusion des savoirs peuvent donc tout-aussi bien accroitre les inégalités d’accès et de réussite dans l’enseignement supérieur que les réduire. Cela peut néanmoins dépendre de la manière dont les Moocs sont utilisés dans l’enseignement traditionnel. Certains travaux soulignent par exemple l’intérêt que peut avoir l’usage des nouvelles technologies éducatives basées sur internet, sur la démocratisation de l’accès à l’éducation en augmentant la qualité des ressources éducatives dont peuvent se servir les enseignants au niveau local.

Méthodologie :
La partie empirique de la thèse nécessitera une collecte d’informations importante. Le doctorant pourra notamment travailler sur des données administratives sur les apprenants dans certaines universités françaises participant au programme FUN (France Université Numérique). Il devra également mobiliser des méthodologies qualitatives et quantitatives pour mener une enquête sur les apprenants à partir d’informations collectées parmi les participants à des réseaux sociaux d’utilisateurs de MOOCs.
Les connaissances et compétences requises
Le candidat doit être titulaire d’un Master 2 en sciences de l’éducation, en sociologie ou en économie (avec des bonnes connaissances en sociologie ou en économie de l’éducation). Il doit également posséder une bonne maitrise des méthodologies d’enquête.

Références :
Banerjee, A. & Duflo, E..(2014). « Disorganization and Success in Economics MOOC » American Economic Review Papers and Proceedings
Ben Abid S., Orivel F., (2000), Enseignement à distance : équité ou efficacité. In: Efficacité versus équité en économie sociale, sous la direction de A. Alcouffe, B. Fourcade, J-M. Plassard, et G. Tahar, L’Harmattan (coll. Logiques économiques), vol. 1, pp. 405-416.
Depover C et Orivel F. (2012) Les pays en développement à l’ère du e-learning. Paris IIPE, 2012
Karsenti, T. (2013). « MOOC : révolution ou simple effet de mode ? » Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, 10(2), pp.6-22,
Orivel F. (2006). L’économie de la formation a distance l’apport de Greville Rumble. Distances et Savoirs, 4(1), pp.123-129.
O’Connor, K. (2014). « MOOCs, institutional policy and change dynamics in higher education ». Higher Education, pp.1-13.
Saleh, A., Sanders, H. (2014). « The wolf in sheep’s clothing: the Matthew Effect in online education», International Journal of Sociology of Education, 3(1), pp. 26-50.
Vinokur, A. (2013) « La normalisation de l’université », in Gouverner par les standards et les indicateurs : De Hume aux rankings, sous la direction de B. Frydman et Van Waeyenberge, Bruylant. Bruxelles, pp. 235-261.

 
Pour les renseignements sur le concours, voir le site de l’école doctorale : http://edlisit.u-bourgogne.fr/presentation/financements.html

Voir les articles