Comment a évolué le bac professionnel ?

[kc_row use_container=”yes” _id=”566721″][kc_column width=”50%” _id=”739526″][kc_column_text _id=”167774″]

            Dans le cadre des 50 ans de l’IREDU, nous revenons sur quelques publications qui ont marqué l’histoire du laboratoire. M. Solaux a accepté de nous parler, quelques années plus tard, de son article intitulé «Le baccalauréat professionnel et son curriculum» paru dans la revue Formation Emploi du CEREQ en 1995.

Georges Solaux est un professeur émérite en sciences de l’éducation, qui s’est principalement intéressé, durant sa carrière, à l’orientation scolaire des élèves et étudiants, et qui fût un des pionniers des recherches sur le baccalauréat professionnel.

 

 

« Quelle était l’origine de la publication ? »

 

Georges Solaux : L’origine de l’article remonte à une partie de la thèse, enfin à une petite partie de la thèse que j’ai explicité dans l’article. C’était la thèse que j’avais soutenu en 1990 et qui portait sur la création du baccalauréat professionnel.

 

 

« La genèse de cet article est-elle liée à des réflexions internes à l’IREDU ? »

 

Georges Solaux : Oh c’était assez éloigné des préoccupations de l’IREDU, parce que l’article était assez qualitatif alors que les travaux de l’IREDU, à l’époque, étaient quasi exclusivement quantitatifs.

 

 

« Avez-vous envisagé des collaborations ? Avez-vous bénéficié d’apports déterminants de certaines lectures théoriques ou méthodologiques ? »

 

Des lectures théoriques et méthodologiques, oui ! Des collaborateurs, non, puisqu’à l’IREDU ce n’était pas la préoccupation essentielle.

 

 

« Comment avez-vous construit cette publication ? »

 

En fait il y a 3 bases théoriques à ce type de travail : c’est d’une part la réflexion sur les inégalités d’accès aux diplômes, d’une autre part la hiérarchisation des diplômes et puis d’autre part, une réflexion sur le monde du travail, sur ce à quoi conduisent les diplômes en matière d’insertion. Donc hiérarchisation des diplômes et insertion professionnelle. Ca, c’est la première voix, il y a une deuxième voix importante qui est celle de l’analyse du curriculum, autrement dit, du curriculum formel, dans l’analyse qui en est faite, ici, dans cet article. C’est-à-dire l’ensemble des formations : leurs horaires, la distribution dans le temps, leur évaluation, telles qu’elles sont définies dans les textes. C’est le curriculum formel. Après, il existe 2 autres curriculums mais qui ne sont pas analysés ici : les curriculums réel et caché. Moi je n’ai travaillé que le curriculum formel.

 

 

« Quels étaient les aspects les plus novateurs du papier ? »

 

Georges Solaux : L’aspect le plus novateur était le fait de travailler sur le baccalauréat professionel. Il a été créé en 1985. 10 ans après, les études à son sujet ne se bousculaient pas, d’une part, et d’autre part, il faut savoir aussi que pour un chercheur, à l’époque, c’était beaucoup plus valorisant de travailler sur les classes préparatoires, les grandes écoles, la séléction pour y arriver, que de travailler sur la formation professionnelle et sur la formation des ouvriers. En effet, c’était beaucoup plus valorisant de travailler sur les formations supérieures et plutôt dévalorisant de travailler sur les formations dites “inférieures”. Je n’étais pas le premier à le dire et à le penser, Lucie Tanguy l’avait dit avant moi, c’était une spécialiste de la formation professionnelle.

 

 

« Vous êtes-vous appuyé sur des travaux déjà existants même s’il n’y en avait pas beaucoup ? »

 

Georges Solaux : Oui, bien évidement, sur ceux de Lucie Tanguy, par exemple, qui fait partie des références sur lesquelles je me suis appuyé. Son travail m’a vraiment aidé dans la structuration de mon article. La liaison entre les savoirs et la hiérarchisation professionnelle, entre les savoirs et les revenus ultérieurs dans le monde du travail, entre les savoirs et les rapports sociaux en règle générale. Il y a eu aussi Bernard Charlot et son travail sur la formation professionnelle avec Madeleine Fiva et puis aussi Jean-Claude Forquin pour la partie sur le curriculum. Et quand même une partie des travaux de l’IREDU qui, à partir de 1985, se sont intéressés à l’orientation des élèves et en particulier à l’orientation des classes de fin de 5e pour savoir qui allait en CAP, qui allait en 4e, dite de “type 1”, à l’époque, c’est-à-dire des 4e qui se destinaient à l’enseignement long et des 4e de “type 2” qui se destinaient plutôt à l’enseignement court. C’était une problématique de l’orientation quand même assez proche de celles développées par l’IREDU à partir de 85 par Alain Mingat et Marie Duru-Bellat.

 

 

« Les résultats obtenus vous ont-ils surpris ? »

 

Georges Solaux : Surpris, euh … je ne sais pas, l’essentiel du travail montre que le bac pro, compte tenu de l’analyse du curriculum qui est faite, se situe entre le BEP et le Bac mais ce n’est pas un baccalauréat d’enseignement général parce que les disciplines enseignées ne permettent pas d’envisager l’enseignement supérieur long. Par conséquent, c’est un baccalauréat qui destine à la formation ouvrière. Lorsqu’il a été mis en place, on a voulu élever la qualification ouvrière et l’on pensait que ce serait vraiment le cas. Cette étude a plutôt démontré que bien que la qualification ouvrière soit élevée à la dignité du bachelier, elle ne confère pas pour autant l’égalité avec les autres baccalauréat.

A l’époque, il y avait 2 tendances : la re tendance consistait à dire que le bac professionnel est un baccalauréat comme les autres, c’était plutôt la revendication des titulaires de bacs pros, bien sûr, et celle des lycées professionnels, et une 2e tendance, à la suite de ce qu’avait dit Chevènement à la présentation de sa réforme en 1985 à l’Assemblée Nationale. Il y avait dit que le baccalauréat professionnel conduirait au BTS, les baccalauréats technologiques aux DUT et aux études supéreures et le bac général à l’enseignement supérieur systématiquement. Donc il y avait déjà une hiérarchisation qui était comprise dans la création. Mais certains ne l’acceptaient pas et revendiquaient une égalité. C’est dans ce sens que les résultats ont servi et peut-être surpris quelques uns.

 

 

« Y-a-t-il eu des prolongements à l’IREDU, par vous ou par des collègues? »

 

Georges Solaux : Alors, par des collègues, je ne pense pas. Je pense que j’ai été relativement original sur ce que j’ai fait sur le baccalauréat professionnel en règle générale. Cela dit, il n’empêche pas que certaines personnes aient travaillé sur la problématique de l’orientation et de la sélection, mais ce n’était pas spécifiquement destiné à l’analyse du baccalauréat professionnel.

 

 

« Les résultats sont-ils toujours d’actualité ? »

 

Georges Solaux : Oui, et pour montrer que ces travaux sont toujours d’actualité, je peux me référer à Claude Grignon, qui avait, dans les années 70, travaillé particulièrement sur le CAP où il montrait déjà la hiérarchisation et notament la relégation de l’enseignement professionnel. En 2015, il a publié, dans la revue Formation-Emploi n°131, juillet – septembre, un article où il présente le baccalauréat professionnel comme un diplôme professionnel et pas du tout comme un baccalauréat. C’est donc l’actualité, en quelques sortes, des travaux que j’avais mené.

 

 

« Rétrospectivement, auriez-vous changé quelque chose à l’article ? »

 

Georges Solaux : Non, c’était destiné à l’analyse du curriculum donc non… Cependant, aujourd’hui j’y ajouterai peut-être des témoignages pour rendre l’article un peu plus vivant et pour montrer comment ce que j’écris est ressenti sur le terrain. Voilà, c’est sans doute ce que j’aurais ajouté. Par exemple, le témoignage d’un professeur de lycée professionnel ou d’étudiants ou d’employeurs directement.

 

 

« Pourquoi cette publication ? Et pourquoi dans cette revue ? »

 

Georges Solaux : J’avais été solicité par Formation-Emploi pour le faire à cette époque et donc voilà, je l’ai fait. Cela dit, quand on fait une publication, il faut savoir qu’on est relu par 2 experts et l’article est corrigé.

 

 

« Les experts de la revue vous-ont-ils aidé à faire évoluer l’article ? »

 

Georges Solaux : Oui, une expertise c’est généralement fait pour ça. Ils ne sont pas toujours en accord avec celui qui l’a écrit mais ils aident à la correction de l’article dans ce cas.

 

Propos recueillis par Margot Moncomble.

[/kc_column_text][/kc_column][kc_column width=”50%” _id=”92707″][kc_single_image image_size=”full” _id=”930261″ image_source=”media_library” image=”9286″][kc_single_image image_size=”thumbnail” _id=”136047″ image_source=”media_library” image=”7331″ css_custom=”{`kc-css`:{`any`:{`image-style`:{`text-align|`:`center`}}}}”][kc_single_image image_size=”thumbnail” _id=”137314″ image_source=”media_library” image=”2245″ css_custom=”{`kc-css`:{`any`:{`image-style`:{`text-align|`:`center`}}}}”][/kc_column][/kc_row]

Voir les articles