Les données rassemblées ici sont issues d’une enquête longitudinale récente qui a permis de suivre une cohorte d’élèves de classe terminale entre le moment des projets (printemps 76) et celui des orientations effectives, selon le résultat de l’examen (octobre 76). L’interrogation porte d’abord sur les déterminants individuels des choix, puis se heurte à l’existence probable de déterminants contextuels qui débordent le cadre de la présente étude centrée sur la demande d’éducation (et négligeant par là même l’impact dynamique de facteurs comme l’offre d’éducation).

La recherche, qui s’inscrit dans un cadre essentiellement économique et sociologique, met l’accent, dans l’étude des choix de filières post-secondaires, sur la notion d’auto-sélection, la sélection universitaire anticipée par le futur étudiant étant proposée comme une variable explicative de l’accès. Cette notion fondamentale, quoique banale, d’auto-sélection, renvoie au problème concret, et très actuel chez les spécialistes de l’orientation, de l’utilisation éventuelle des enquêtes statistiques de ce type, chaque jour plus nombreuses, en vue d’un conseil individuel.

L’article cherche à expliquer la très grande variance qu’on observe en matière de scolarisation individuelle. Après avoir proposé des estimations des rendements de l’investissement éducatif aux différents niveaux et conclu à l’insuffisance de la théorie du capital humain sous sa forme initiale pour rendre compte des faits, une tentative est menée pour interpréter les décisions éducatives en essayant de séparer les effets cognitifs des effets sociaux. Des estimations opérées à partir de l’enquête longitudinale de l’INED indiquent que les effets cognitifs ont une part relativement faible (25 %) dans l'explication, alors que les conditions économiques familiales semblent beaucoup plus déterminantes (environ 60 %) et que les facteurs structurels (géographique, fécondité différentielle ... ) ne semblent pas être globalement négligeables.