Fiche de COTTEZ Rémy

COTTEZ Rémy
Doctorant en Sciences de l'Éducation
E-mail : remy.cottez@u-bourgogne.fr
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Thèse

Directrice de thèse : Sandrine Garcia

Co-directrice de thèse : Géraldine Farges

 

Sujet de thèse : Les difficultés professionnelles des enseignants à l’aune des phénomènes de violence à l’école

 

Notre travail de thèse étudie les difficultés professionnelles des enseignants du premier degré au regard des comportements violents d’élèves. De nombreuses enquêtes mettent en lumière l’insatisfaction professionnelle croissante des professeurs français qui déclarent une dégradation de leurs conditions de travail (Saillot, 2018). En particulier, le maintien d’un climat de classe favorable aux apprentissages semble être au cœur de leurs préoccupations (Gasparini, 2021). Les professeurs des écoles interrogés font état de leur sentiment d’un manque de soutien institutionnel dans la gestion de ces difficultés (Depp, 2023), qui participe au « malaise » rencontré par la profession se traduisant par une augmentation des démissions (Garcia, 2023). Les enseignants ressentent comme un frein dans l’exercice de leurs missions le manque de moyens alloués qui contraste avec le niveau d’exigence institutionnel (Pasquier et al., 2020).

 

En particulier, l’accueil d’élèves à besoins éducatifs particuliers constitue une pierre d’achoppement ; cette catégorie extensive inclut les élèves à difficultés comportementales (Ebersold & Armagnague, 2021), difficultés interprétées en « trouble » du comportement qui fonde un handicap scolaire (Dupont, 2016). Aussi, les professeurs établissent un lien entre école inclusive et déstabilisation de l’ordre scolaire (Katz et al., 2021), qui se manifeste dans les formes les plus graves par des violences d’enfant, constituant une mise en danger des personnels ou des autres élèves. L’obligation de scolarisation constitue alors une exigence élevée qui ne s’accompagne pas de l’augmentation des moyens humains pour gérer l’hétérogénéité croissante dans les classes (Talis, 2018). Il en résulte du « travail empêché » source d’angoisse à double-titre : les professeurs devant gérer ces comportements ne peuvent pas mener à bien leur mission d’enseignement, mais ils doivent aussi contenir cette violence pour se protéger ou éviter un accident dont ils seraient tenus pour responsables. En outre, l’injonction d’accueillir de manière « bienveillante » tous les élèves (Bailleul & Obajtek, 2018) engage le professeur dans un « travail émotionnel » (Hochschild, 2017) qui a des conséquences sur son identité professionnelle, et peut dans les cas les plus difficiles affecter sa santé au travail.

 

La thèse se propose de répondre à la problématique suivante : dans quelle mesure les difficultés de gestion des violences d’élèves s’inscrivent-elles dans les transformations actuelles de l’organisation scolaire ? En investiguant à la fois les politiques publiques en amont de ces transformations, les conséquences sur le travail réel des enseignants, et les évolutions du public scolaire, il s’agit de contextualiser les différentes difficultés déclarées. Ce travail s’ancre ainsi dans la sociologie de l’éducation en mobilisant les sociologies de la famille, des professions et de l’action publique.

 

Pour ce faire, nous nous appuyons sur des observations de classe et des entretiens, ainsi que sur l’un des seuls outils institutionnels dont disposent les enseignants pour signaler leurs difficultés : les fiches de signalement au registre de santé et de sécurité au travail, qui leur permettent de signaler toute situation de danger les concernant ou concernant leurs élèves. Nous formulons l’hypothèse qu’à travers ces fiches, ils peuvent trouver un espace d’expression de leurs difficultés professionnelles et que la manière dont elles sont prises en compte alimente le sentiment de pouvoir ou non s’appuyer sur un soutien institutionnel. Ce terrain d’enquête nous permet donc, à travers une étude quantitative, d’objectiver le concept de soutien institutionnel, en dépassant le simple ressenti des enseignants. Ce matériel pourra être complété par une étude approfondie des parcours d’enfants à comportement qualifié de « violent », sur leurs conditions de socialisation et sur leurs propriétés sociales, pour mieux comprendre les difficultés que leur pose la situation scolaire.

Publications

Liste HAL synchronisée

Rémy Cottez. La violence d’élève à l’école : Quels effets sur le bien-être des enseignants ?. Printemps de la Recherche en Éducation 2024 : « Bien-être à l'école : quels enjeux de formation ? », May 2024, Amiens (Somme), France. ⟨hal-04623803⟩
Poster

Rémy Cottez. La violence d’élève à l’école : Quels effets sur le bien-être des enseignants ?. Printemps de la Recherche en Éducation 2024 : « Bien-être à l’école : quels enjeux de formation ? », May 2024, Amiens (Somme), France.

 

 

Ce poster scientifique s’appuie sur des données de notre travail de thèse qui étudie les phénomènes de violence d’élève à l’école primaire française. Il a fait l’objet d’une communication dans le cadre du Printemps des INSPE 2024 à Amiens dont le thème était le bien-être à l’école. Le poster se propose d’interroger l’effet des violences d’élèves sur le bien-être des enseignants.

Les enquêtes internationales montrent l’importance du bien-être des professeurs qui a une incidence sur les résultats scolaires et le bien-être de leurs élèves (OCDE, 2019). Dans le même temps, elles révèlent pour la France une dégradation du climat scolaire (Bernigole et al., 2023), ce que confirment des enquêtes nationales qui pointent une hausse des situations conflictuelles à l’école, mettant les enseignants en difficulté (Debarbieux & Moignard, 2023). Ces derniers se sentent peu armés face à la grande difficulté comportementale (Charpentier et al., 2021) et expriment un besoin de ressources et de formation sur les questions de santé au travail (Vercambre-Jacquot et al., 2023). Nous formulons l’hypothèse que cette difficulté professionnelle contribue à une désaffection pour le métier qui se traduit notamment par une augmentation des démissions (Garcia, 2023) et une perte d’attractivité (Farges & Szerdahelyi, 2024).

Nous nous demandons ainsi dans quelle mesure la formation des enseignants peut contribuer à améliorer leur bien-être au travail. Notre enquête sociologique, mêlant analyse du prescrit, observations d’écoles et entretiens avec des enseignants, fournit quelques éléments de réponse. Les ressources institutionnelles sur le thème de la santé au travail sont principalement axées sur le traitement individuel de la souffrance des professeurs, au détriment de la prévention des risques psychosociaux et d’une interrogation collective sur les conditions de travail et l’organisation du service. En particulier, les enseignants interrogés expriment une source majeure de souffrance dans l’exercice de leur profession, à travers la difficile gestion des comportements d’élèves perçus comme « perturbateurs ». Ils regrettent un manque de ressources institutionnelles pour les accompagner dans cette tâche, se sentant impuissant à aider les élèves en question, à garantir la sécurité de tous, et à mener à bien le mandat qui leur a été confié et qui constitue toujours selon eux le cœur de leur métier : assurer l’apprentissage des élèves.

Du point de vue de la formation des enseignants, il paraît ainsi important de documenter les comportements d’élèves pour mieux réfléchir aux postures professionnelles à adopter, notamment une gestion émotionnelle qui apparaît comme cruciale à la fois pour la régulation des comportements d’élèves et la prévention des affections psychosociales du professeur. Enfin, les enseignants expriment une méconnaissance de certains des droits et règlements qui encadrent leur activité professionnelle, notamment la procédure d’accident de service et le fonctionnement des instances compétentes en matière de santé, sécurité et conditions de travail, qui constituent pourtant des ressources pour aider les enseignants et les équipes rencontrant de telles difficultés, et pourraient donc à ce titre devenir des objets explicites et systématiques de formation.

 

Bibliographie

BERNIGOLE Vincent, FERNANDEZ Adrien, LOI Massimo et SALLES Franck, 2023, « PISA 2022 : la France ne fait pas exception à la baisse généralisée des performances en culture mathématique dans l’OCDE », ( de la prospective et de la performance Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse. Direction de l’évaluation, dir.).

CHARPENTIER Axelle, DION Elise et FEUILLET Pascaline, 2021, « Bien-être des enseignants : que nous apprennent les données de la DEPP ? » (Document de travail de la DEPP No. 2021.S01).

DEBARBIEUX Éric et MOIGNARD Benjamin, 2023, « ÉCOLE PRIMAIRE ÉCOLE POUR TOUS ? ENQUÊTE AUPRÈS DES PERSONNELS ÉVOLUTION 2011-2023 ».

FARGES Géraldine et SZERDAHELYI Loïc, 2024, En quête d’enseignants, Rennes, PU RENNES, 218 p.

GARCIA Sandrine, 2023, Enseignants : de la vocation au désenchantement, La Dispute.

OCDE, 2019, « Résultats de TALIS 2018 (Volume I) ». Consulté à l’adresse https://www.oecd-ilibrary.org/content/publication/5bb21b3a-fr

VERCAMBRE-JACQUOT Marie-Noël, 2023, « Baromètre international de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation » (I-BEST 2023), Réseau éducation et solidarité