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Appel à communication « Penser l’attractivité des métiers de l’enseignement : des agendas politiques aux travaux scientifiques »; journée d’étude, Dijon, 18 juin 2019

 

En France, l’attractivité des métiers de l’enseignement figure parmi les thèmes récurrents des débats politiques sur l’éducation, en témoignent les rapports du Sénat de 2016 et 2018 (Carle et Férat 2016 ; Brisson et Laborde 2018). Cette préoccupation contemporaine, qui n’est cependant pas un phénomène nouveau (Terrier 2014 ; Périer 2016), s’inscrit dans une problématique internationale de plus large ampleur, reflétée notamment par les publications de l’OCDE (2005) et de la Commission Européenne (2013). Ces études font état tout à la fois d’inquiétudes portant sur le manque d’enseignant·es (que celui-ci soit généralisé ou circonscrit à certaines régions ou disciplines) ainsi que sur les qualifications, ou compétences, des enseignant·es qui se portent candidat·es (que celles-ci interrogent les formations dispensées ou les « seuils de qualité » lors des recrutements) (Maroy 2008 ; Sellier et Michel 2014).

 

Toutefois, cette mise à l’agenda politique d’un problème public ne rencontre qu’un écho lointain dans le monde scientifique francophone. De fait, l’attractivité du métier d’enseignant·e semble se décliner différemment dans les travaux des chercheur·es. Peu de recherches utilisent le terme attractivité, ou le placent entre guillemets, et tout se passe comme si cette notion constituait avant tout une catégorie de l’action publique de faible valeur heuristique, peu prise pour objet d’étude jusqu’à présent. Les chercheur·es paraissent en revanche s’emparer de plus en plus de la question des motivations préfigurant l’orientation vers l’enseignement, revisitant l’idée de vocation et croisant les logiques sociales, scolaires, genrées, professionnelles ou encore migratoires conduisant vers les métiers de l’enseignement (Charles 2005 ; Devineau 2006 ; Hugrée 2010 ; Balland 2012 ; Périer 2014). Des recherches analysent aussi les facteurs susceptibles de rendre ce secteur professionnel attractif, en comparant les avantages matériels et symboliques associés aux carrières enseignantes par rapport à d’autres orientations possibles, en accordant une attention accrue aux réformes récentes rendant le marché de l’emploi enseignant plus précaire, et le travail enseignant à la fois plus intense et plus complexe (Maroy 2006 ; Mukamurera et Martineau 2009 ; Cattonar, Dumay et Maroy 2013 ; Mukamurera et Balleux 2013). D’autres recherches explorent les causes d’un « malaise enseignant » à travers les difficultés d’exercice du métier, ou encore l’épuisement professionnel qui gagne l’espace privé, selon un axe interrogeant l’attractivité dans la durée, au plan individuel et collectif (Hansez et al. 2005 ; Lantheaume et Hélou 2008 ; Cau-Bareille 2014 ; Barrère 2017).

Cette journée d’étude voudrait donc inviter à penser l’attractivité des métiers de l’enseignement, de diverses manières pouvant être articulées les unes aux autres. Un premier axe pourra porter sur les contenus et contours du vocable associé à l’attractivité : Quelles définitions peuvent traverser ce terme ? Quels sont les registres discursifs mobilisés ? Quelles manières de se représenter les enseignant·es, leurs pratiques ou encore leurs rôles sociaux, véhiculent les réflexions, homogènes ou plurielles, sur l’attractivité ? Un second axe pourra concerner les enjeux de mesure : Comment les études sur l’attractivité des métiers de l’enseignement la mesurent-elles ? Quels sont les indicateurs retenus ou construits pour renseigner ce phénomène ? Quelles conséquences sur les contenus et contours de l’attractivité ces mesures supposent-elles ? Un troisième axe pourra se concentrer sur les actrices et acteurs qui utilisent, mobilisent ou font travailler cette notion : Qui sont-ils/elles ? En quoi leurs regards sur les métiers de l’enseignement sont-ils socialement ou institutionnellement situés ? Peut-on mettre au jour des lignes d’opposition, ou des rapports sociaux de pouvoir, entre les niveaux d’intervention de ces acteurs et de ces actrices ? Un quatrième axe pourra s’intéresser aux politiques publiques relatives à l’attractivité des métiers de l’enseignement : Comment se structurent ces politiques ? Comment varient-elles selon les époques et les lieux ? Quelles sont leurs retombées, effectives ou potentielles, sur l’emploi, les recrutements, le travail ou encore la formation initiale ou/et continue ? Comment envisagent-elles les parcours des enseignant·es, individuellement et collectivement ?
Cet appel à communications, attentif aux axes précédents, ne s’y restreint pas et sera ouvert à tous types de travaux dans le champ des sciences humaines et sociales. Les approches comparatives au niveau international, ou explorant diverses périodes de l’histoire, seront les bienvenues. Tous les types d’enseignement (premier degré, second degré, général, professionnel, disciplinaire…) sont susceptibles d’entrer dans le champ de cet appel.

Bibliographie

Balland, Ludivine. 2012. « Un cas d’école. L’entrée dans le métier de professeur d’une “enfant de la démocratisation scolaire” ». Actes de la recherche en sciences sociales 191‑192 (1): 40‑47.
Barrère, Anne. 2017. Au coeur des malaises enseignants. Paris: Armand Colin.
Brisson, Max, et Françoise Laborde. 2018. Métier d’enseignant : un cadre rénové pour renouer avec l’attractivité. Sénat: Rapport de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Carle, Jean-Claude, et Françoise Férat. 2016. « Sénat, session ordinaire de 2016-2017, Tome III Enseignement scolaire ».
Cattonar, Branka, Xavier Dumay, et Christian Maroy. 2013. « Politique d’évaluation externe et recomposition des professionnalités dans l’enseignement primaire : un cas de responsabilisation (accountability) douce ». Education et sociétés 32 (2): 35‑51.
Cau-Bareille, Dominique. 2014. « Les difficultés des enseignants en fin de carrière : des révélateurs des formes de pénibilité du travail ». Management et Avenir 73 (7): 149‑70.
Charles, Frédéric. 2005. « L’accès au groupe professionnel des enseignants : une comparaison France-Angleterre ». Mémoire d’habilitation à diriger des recherches.
Devineau, Sophie. 2006. « L’école pour les femmes : rapports sexués aux savoirs professionnels chez les candidats à l’IUFM ». L’orientation scolaire et professionnelle 35 (1): 29‑55.
European Commission. 2013. Study on Policy Measures to Improve the Attractiveness of the Teaching Profession in Europe. Volume 1. Luxembourg: Publications Office of the European Union.
Hansez, Isabelle, Françoise Bertrand, V. De Keyser, et F. Pérée. 2005. « Fin de carrière des enseignants : vers une explication du stress et des retraites prématurées ». Le travail humain 68 (3): 193‑223.
Hugrée, Cédric. 2010. « “Le CAPES ou rien ?”. Parcours scolaires, aspirations sociales et insertions professionnelles du “haut” des enfants de la démocratisation scolaire ». Actes de la recherche en sciences sociales 183 (3): 72‑85.
Lantheaume, Françoise, et Christophe Hélou. 2008. La souffrance des enseignants, une sociologie pragmatique du travail enseignant. Paris: Presses Universitaires de France.
Maroy, Christian. 2006. « Les évolutions du travail enseignant en France et en Europe : facteurs de changement, incidences et résistances dans l’enseignement secondaire ». Revue Française de Pédagogie 155: 111‑42.
———. 2008. « Perte d’attractivité du métier et malaise enseignant. Le cas de la Belgique ». Recherche et formation 57: 23‑38.
Mukamurera, Joséphine, et André Balleux. 2013. « Malaise dans la profession enseignante et identité en mutation. Le cas du Québec ». Recherche et formation 74: 57‑70.
Mukamurera, Joséphine, et Stéphane Martineau. 2009. « La précarité d’emploi, une voie périlleuse d’entrée en enseignement ». Formation et profession 16 (1): 54‑56.
OCDE. 2005. Le rôle crucial des enseignants : Attirer, former et retenir des enseignants de qualité. Rapport final. Paris: Publications de l’OCDE.
Périer, Pierre. 2014. Professeurs débutants. Les épreuves de l’enseignement. PUF. Paris.
———. 2016. « Attractivité du métier d’enseignant : état des lieux et perspectives ». Rapport pour le CNESCO. https://www.cnesco.fr/fr/attractivite-du-metier-denseignant/
Sellier, Michèle, et Alain Michel. 2014. « L’attractivité du métier d’enseignants en Europe : état des lieux et perspectives ». Administration & Éducation 144 (4): 45-52.
Terrier, Camille. 2014. « L’attractivité des concours de recrutement des enseignants du second degré public : une étude rétrospective ». Note d’information DEPP 24. Paris: MENESRI.

Modalités de soumission :

Nous attendons des propositions d’une page maximum énonçant le titre de la communication, l’affiliation de l’auteur·e et ses coordonnées, la problématique traitée accompagnée d’une courte bibliographie, les données mobilisées, la méthodologie privilégiée, ainsi qu’une esquisse des résultats et des conclusions.

Les propositions de communication sont à envoyer d’ici le 15 janvier 2019 à : geraldine.farges@u-bourgogne.fr et loic.szerdahelyi@u-bourgogne.fr

 

Calendrier

Diffusion de l’appel à communications : Début décembre 2018
Date limite de proposition de communication : 1er mars 2019
Annonce des communications retenues : Fin mars 2019
Réception des textes : Fin mai 2019
Journée d’étude : 18 juin 2019

 

Valorisation scientifique :

À l’issue de la journée d’étude, les communicant·es seront invité·es à proposer leurs travaux pour publication d’un numéro thématique dans une revue scientifique. Les articles suivront alors le processus habituel de publication selon le calendrier et les critères de la revue.

 

Comité scientifique :

 

La liste des membres du comité scientifique comprend les personnes qui ont (à ce jour) répondu favorablement à l’invitation du comité d’organisation

  • Françoise Carraud (ECP, Université Lyon 2)

  • Frédéric Charles (CURAPP-ESS, Université Picardie Jules Verne)

  • Magali Danner (IREDU, Université Bourgogne Franche-Comté)

  • Xavier Dumay (GIRSEF, Université Catholique de Louvain)

  • Carine Érard (IREDU, Université Bourgogne Franche-Comté)

  • Sandrine Garcia (IREDU, Université Bourgogne Franche-Comté)

  • Jean-François Giret (IREDU, Université Bourgogne Franche-Comté)

  • Cédric Hugrée (CRESPPA-CSU, CNRS)

  • Françoise Larré (CERTOP, Université Toulouse 2)

  • Christian Maroy (CRIFPE, Université de Montréal et GIRSEF, Université Catholique de Louvain)

  • Pierre Périer (CREAD, Université de Haute Bretagne)

  • Cathy Perret (CIPE/IREDU, Université Bourgogne Franche-Comté)

  • André D. Robert (ECP, Université Lyon 2)

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